Jean-Marie Pelt, au-delà de ses fonctions universitaires, de ses compétences scientifiques que sont la botanique et la pharmacologie, au-delà de la promotion du développement durable, de l’écocitoyenneté et de la protection de l’environnement, a su tout au long de sa carrière travailler en transdisciplinarité ouvrant ainsi son œuvre à des courants divers mais concomitants. Il en est sorti alors des disciplines nouvelles comme l’écotoxicologie (étude des pollutions multiples et leurs effets sur l’homme et l’environnement), l’ethnopharmacologie (science des rapports entre les plantes médicinales et les cultures non occidentales) et l’écologie urbaine.
Très tôt dans ses études de pharmacie, il fut saisi par la pertinence du concept d’évolution. La botanique, la chimie, la biologie, puis plus tard la philosophie, l’histoire des religions, l’astronomie sa passion, lui permirent de progresser tout au long de sa vie dans sa réflexion pour arriver à la civilisation de l’amour. Pour la première fois de sa vie l’homme détient les moyens de se détruire et l’échéance est à portée de vue tant est rapide le rythme à la marche du monde imposé par la modernité. Le changement perpétuel, imposé par la croissance économique, nous impose à aller toujours plus vite, toujours plus loin. Mais à quel prix ? La nature ne suit plus, ses richesses sont pillées, ses réserves épuisées, le climat est bouleversé ainsi que les grands équilibres.
Nous sommes donc, nous humains, devant le grand choix : ou l’on continue et c’est la catastrophe ; ou l’on invente une nouvelle civilisation laissant entendre une révolution culturelle majeure. Et seule l’écologie est susceptible aujourd’hui de produire face aux menaces annoncées, une véritable « insurrection des consciences » si chère à Pierre Rabhi. La sobriété est mise en avant et « le bonheur est dans le peu » clame Yves Paccalet. Cette invitation à la modération impose une exigence de justice et de partage face aux inégalités sociales, à la pauvreté, au dérèglement climatique et à la dégradation de l’environnement. Nous avons non seulement des droits mais surtout des devoirs.
Avons-nous le droit de laisser une terre complètement ravagée à nos enfants ?
Avons-nous le droit de laisser disparaître des espèces animales et végétales ?
Avons-nous le droit de polluer l’air, les océans, la terre, de bétonner les terres arables, de raser les forêts ?
La mouvance écologique fermente partout dans le monde et génère une éthique et des comportements nouveaux. Notre jeunesse est concernée au premier chef. Elle s’interroge sur son avenir et se fait entendre partout dans le monde réclamant des actes concrets de la part des politiques.
Le sort de l’homme et celui de la nature sont étroitement liés. Nous devons faire appel à notre bon sens et viser l’équilibre et l’harmonie et non l’exploitation sauvage et sans limite. L’écologie appelle au renforcement de la communauté internationale car les problèmes majeurs doivent être traités globalement à ce niveau et bien au-delà des intérêts nationaux.
La spécificité de la pensée de Jean-Marie Pelt est la promulgation d’une nouvelle écologie, la « méta-écologie », qui intégrerait la puissance spirituelle de l’homme à l’écologie. Il en appelle à l’imagination et à la créativité pour inventer de nouveaux possibles. Ces solutions supposent que l’homme passe à la dimension oubliée : la sagesse qui seule peut conjurer les excès. Jean-Marie Pelt parle à la fin de sa vie de civilisation de l’amour. C’est le terme qu’il a employé pour définir l’avenir de l’homme et de la terre, dans l’unité du vivant, en inventant ses propres règles de coopération et d’harmonie afin d’assurer équilibre et unité, dans des rapports non plus de force mais de coopération et de solidarité.
Tels sont les thèmes, divers et multiples, développés et défendus par Jean-Marie Pelt tout au long de sa carrière, que le Centre Jean-Marie Pelt de Rodemack se doit de promouvoir et de développer, allant de l’Homme Re-naturé écrit en 1977, au lendemain du Club de Rome, dans lequel il pose les fondements de la pensée écologique, jusqu’à la civilisation de l’amour.